

M’émanciper de la Guerrière et de la Victime pour me rencontrer moi
« Soit je suis une bonne personne, soit je suis moi. »
Au détour d’une causerie de Franck, cette phrase me percute. Un véritable uppercut.
J’arrête la vidéo.
Je respire, le temps de laisser passer l’onde de choc en moi.
Une envie de pleurer, suivie d’un grand sentiment de libération.
Dans mon monde à moi, cette phrase se traduit par « Soit je suis une Guerrière, soit je suis moi. »
Car pour moi la bonne personne, c’est la femme forte qui ne montre pas de vulnérabilités, qui avance, qui rayonne à toute heure du jour et de la nuit. #QuelBeauMythe
Ma vie, c’est me battre pour prendre ma place parce que personne ne me la donne.
Ma vie, c’est être dominée (face Victime) ou chercher à dominer (face Guerrière). #Prisonnière
Voici l’histoire que se raconte chacun des personnages que je joue à tour de rôle :
LA VICTIME
Je suis la Victime, celle dont on tait le nom
Je suis celle chez qui l’on est entré par effraction
Je suis une autochtone dépossédée de sa terre intime
Celle qui, jusque dans ses ressentis, se sent illégitime.
Je suis un morceau d’humanité arraché et jeté aux quatre vents
Je suis une terre aride et desséchée qui a perdu son chant
Je suis celle qui ne s’appartient plus, même dans son corps
Celles dont les repères sont devenus trompeurs et flous, porteurs de mort.
Je suis un statut juridique qui a colonisé une identité
Je suis une prison sans barreaux qui retient l’abusée plutôt que l’accusé
Je suis ce vécu intime qui se répète, faute d’être reconnu et écouté
Je suis ce récit intérieur qui s’englue dans le mépris des clichés propagés.
Je suis le bouc émissaire facile de tous les angles morts et les impensés
Je suis la cancre de la méritocratie et de l’autonomie glorifiées
Je suis la banalisation et la rationalisation introjectées
Je suis le maillon faible de notre société.
Oui, je suis la Victime, celle que l’on préfère accuser et mépriser
Mais je suis aussi la dignité qui n’en peut plus d’être prise en pitié
Je suis la résilience dont personne ne veut voir les ressources cachées
Je suis cette force incroyable qui m’a permis jusque-là de tout endurer.
Un jour, je deviendrai Guerrière… et je serai enfin respectée.
LA GUERRIERE
Je suis la Guerrière, celle dont on glorifie le nom
Celle dont les faibles aimeraient arborer le fier blason
Je suis un bulldozer contre l’impuissance qui gangrène l’identité
Je suis l’amazone féroce qui vient reprendre sa terre jadis confisquée.
Je suis de toutes les batailles, pour ne plus jamais perdre la guerre
Je suis une bouche close car j’ai appris que la douleur noble doit se taire
Je suis un corps qui se doit d’être victorieux et puissant
Je suis une humiliation portée comme un couteau entre les dents.
Au fond de moi, je méprise la Victime, fantôme d’une autre vie
Que je fuis comme la peste, elle et son peuple de zombies.
Je suis fière d’être la force de vie incroyable que l’on va louer
J’incarne l’exception que notre société aime interviewer et encenser.
Mais, sous une certaine vulnérabilité assumée qui fait office de camouflage
Je suis une montagne de secrets jalousement gardée par une louve sauvage
Je suis un corps et une psyché de rescapée aux aguets en mode offensif
Je suis un château de cartes qui menace de s’effondrer au moindre souffle poussif.
Je hais par-dessus tout cette fragilité intérieure que je déguise en force
Je cache ma culpabilité et ma honte immenses en bombant le torse
Je m’extirpe de mes frayeurs mortifères en affichant mon allure la plus altière
Moi la vigie sans relève de ma forteresse intérieure, mon bagne solitaire.
Pourtant… malgré tous mes efforts et toute l’énergie déployée
La guérilla semble sans fin et les issues condamnées
Je sens mon énergie faiblir et mes résistances s’amenuiser
Moi qui m’étais juré de ne plus jamais fléchir, je n’arrive pas à me résigner…
N’y a-t-il d’autre voie que de dominer ou d’être dominée ?
***
Après pas mal de « rebondissements », dont un quasi burn-out, j’ai fini par mesurer combien j’étais prisonnière de ce bras de fer que je jouais avec la peur.
De toutes ces fois, si nombreuses, où je tentais d’avoir raison sur la vie plutôt que de simplement la vivre comme le dit Franck.
J’ai pris conscience que je ne peux qu’être perdante dans cette bataille sans fin qui me prend toute mon énergie, quand bien même je remporte quelques victoires de temps en temps.
Or, pour déposer les armes, il fallait d’abord que je me rende compte qu’il n’y avait pas de guerre, qu’il n’y en avait même jamais eu, à part celle que j’entretenais contre moi-même pour être cette « bonne personne ».
C’est alors que j’ai compris que je ne suis plus prête à payer un prix si élevé pour me sentir être cela.
Depuis cette prise de conscience il y a quelques années, j’ai trouvé une issue à mon combat en détournant mon regard de la peur pour le tourner vers moi et ma relation à moi quand je vis de la peur. En quoi est-ce que je vis m’informe de moi, de mon histoire, de ce qui est important pour moi, de mes limites, de mes envies ?
Me plonger dans cette quête, dans cette chasse au trésor à la découverte de qui je suis, c’est ce que j’appelle mettre en œuvre le « courage d’émotion ».
Et contrairement à ce que je pensais, je n’ai trouvé que des belles choses et encore plus de raisons de m’aimer là où je pensais ne trouver que des trucs moches et pas jojos. #SémerveillerDeSoi
Maintenant, je ne cherche plus à faire partir la peur rapidement, ni me débarrasser de l’inconfort qu’elle provoque. Je me mets plutôt à l’observer avec curiosité car j’ai expérimenté qu’elle n’est qu’un symptôme pertinent qui est là pour attirer mon attention. En fait, c’est un réflexe de vie qui vient d’une part de moi qui est exilée dans son coin et n’a qu’une envie : ré-intégrer son groupe de copines en moi, me rendant plus joyeuse et avec une incomparable sensation de complétude.
Et comme « par hasard », quand cette réunification intérieure est faite, la peur disparaît car elle n’est plus utile. #LaNatureEstBienFaite
Et là, je peux passer à l’action différemment par amour pour moi en suivant l’élan qui vient spontanément de mes tripes. C’est ce que j’appelle le « courage d’action ».
Cette découverte a changé ma vie.
Voilà pourquoi maintenant je cherche à la propager pour changer la culture autour de la peur qui est pour moi mortifère et culpabilisante, et que j’accompagne des personnes dans un processus de conscience, de déculpabilisation et de douceur pour soi comme celui que je vis pour moi-même. Au point que lorsqu’une peur arrive, je me dis « Trop bieeeeen ! » car ça veut dire que la chasse au trésor vient de commencer !
Dans cette exploration de la peur – et donc de moi ! – j’ai aussi trouvé qu’on manquait l’éléphant au milieu de la pièce, restant sur de vieilles conceptions qui méritent d’être mises à jour. Voilà pourquoi j’ai commencé un podcast intitulé « Miss Fearlock Holmes, enquêtrice des peurs ».
Si tu as envie d’enquêter avec moi ou m’accompagner dans ce déconditionnement face à la peur, tu es bienvenu.e ici !
En tout cas, comme dirait Franck, c’est là où « ça pousse pour moi ».
Blandine
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